Sorcières Brûlées Vives (doc Histoire 2003)

Culture Express 2016-09-21

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Les sorcières, brûlées vives !
A la fin du Moyen Âge, l’Europe est au bord de l’apocalypse. On attribue la misère qui courre aux femmes, on pense qu’elles emprisonnent des secrets ancestraux et sont la cause de la crise. 100 000 d’entre elles périront brûlées vives. Un des plus grands massacres contre les femmes en Europe était celui de la chasse aux sorcières entre le XVIIe et XVIIIe siècle.

En l’an de grâce, 1626, au 26 Mai, une vague de froid gèle les vignes et les champs de blé au sud de l’Allemagne actuelle. Un blanc manteau recouvre toute la rive et entraîne une crise céréalière sans précédent. D’où vient ce climat jamais connu de la vie de l’homme ?

Au début des temps modernes, les villageois cherchent les explications à leurs malheurs dans des faits spirituels et fatalistes. On cherche alors des coupables, des responsables, et les sorcières sont inculpées. La vague de gèle dévastatrice fait que les feuilles des plantes noircissent et tombent. Entre 1626 et 1630 se lance la plus grande chasse aux sorcières jamais connue de l’histoire de l’Europe. Les enquêtes effectuées les années suivantes confirment tous les carnages.

Le mal doit être débusqué au sein de la population et puni, c’est la seule façon de remédier à ce fléau. Pendant plusieurs siècles, on relève plusieurs cas d’inculpation, mais vers la fin du XVIIe siècle, on retient des phénomènes bien plus inquiétants.

De mauvaises récoltes à répétition, un taux de mortalité en pleine croissance (l’espérance de vie ne dépasse pas les 35 ans), beaucoup de maladies et une montée du sentiment religieux... la rédemption est alors la seule solution possible à la misère humaine. La mort devient une obsession...

L’apocalypse semble imminente, on cherche à comprendre les raisons de cette punition divine. A l’époque, on cherchait toujours un responsable aux malheurs qui nous arrivent. On cherche non seulement la faute en soi mais aussi un accusé : on part du principe qu’il y a parmi les hommes certains individus qui provoquent la colère de Dieu parce qu’ils sont des incarnations du mal. Au début, ce sont les lépreux qui deviennent les bouc émissaires de la société, soi disant qu’ils pourrissent les eaux et provoquent la mort. Mais accuser les lépreux ne suffisait pas, il fallait chercher d’autres bouc émissaires.

Les femmes qui pratiquent la magie noire sont alors accusées de sacrifier des enfants pour les offrir au Diable. On ne parlait pas de Sorciers, mais de Magiciens encore à l’époque. La sorcière est une femme qui peut faire du mal en ayant recours à la magie. Le mot « sorcière » vient du mot latin « sort » qui veut dire Destin. Grâce à son pouvoir magique, elle peut voler et celer un pacte avec le Diable, d’où l’image classique d’une sorcière volant sur un ballet magique dans des ciels obscures. Chaque société constitue une entité qui est nommée responsable du mal.

Au départ, les inculpations étaient uniquement basées sur l’utilisation de la magie noire, puis ont commencé les inculpations de sorcellerie sur les régions alpines de France, Suisse et Italie. Les Alpes constituent une vague tournante de l’échange et l’innovation entre plusieurs pays d’Europe : c’est là qu’ont eu lieu les premières traversées de nouvelles idées, concepts, commerces et mots/langages. C’est ainsi que le mot allemand de sorcière est apparu en premier puis a fait le tour de l’Europe, s’adaptant au gré des langues.

La magie ne provient pas des sorcières elles-mêmes mais par le Diable qui les habite. On établit alors des systèmes réglementés de dénonciation dans le but de rechercher la vérité et installer des procédures de torture. Il s’agit pour eux de réprimer les crimes des sorcières. On dit que les sorcières font partie d’une secte, ce qui déclenche des polémiques interminables : les hérétiques sont tous convertis ou exterminés et les inquisiteurs commencent à croire que le mal des sorcières survit même après leur mort.

On voit dans l'émergence de la sorcellerie une nouvelle secte qui consiste en l’adoration du mal et des démons. On reproche à ses membres d’avoir commis le pire crime : le reniement de Dieu et la reconnaissance du Diable comme maître absolu.

Un sombre personnage apparaît alors : Henri Institoris, un chasseur de sorcières, originaire de Sélestat, qui veut absolument être nommé inquisiteur par le pape de Rome. Il pourchasse les sorcières mais aussi les hérétiques de toute sorte. Il fait preuve d’une piété exagérée et maîtrise l’art de la manipulation. Il aimerait persécuter tous ceux qui s’écartent du modèle religieux tel qu’il se le représente lui-même.

C’est donc ce terrible contexte de l’époque que s’est produit un des plus grands génocides en proportion de la population de l’histoire.

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