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"Nous nationalistes, nous sommes pour l’amnistie de manière globale, y compris pour les crimes de sang." C’est Jean-Guy Talamoni, l’actuel président nationaliste de l’Assemblée de Corse, qui l’a dit à nos confrères de L’Opinion, dans un entretien paru hier, à l’occasion de la visite du Premier Ministre, lequel a opposé une fin de non-recevoir à toute demande d’amnistie pour des crimes graves.
Oui, heureusement.
Pourtant, la France a déjà eu recours à des lois d’amnistie après des conflits.
En effet. Et Jean-Guy Talamoni ne se prive pas de rappeler que c’était le cas après-guerre, comme après la guerre d’Algérie. Comme pour les violences commises par les indépendantistes et les gendarmes en Nouvelle-Calédonie.
Comment, dans ces conditions, comprenez-vous qu’une telle demande soit refusée sans hésitation ?
C’est qu’il y a un problème de calendrier. Et un problème de contexte. Reprenons l’exemple algérien : une chose est, au terme d’une guerre née d’une injustice objective, et après un accord, que les vainqueurs Algériens et les vaincus Français donnent l’amnistie à ceux qu’ils présentent, de cette manière, non plus comme des criminels de guerre mais comme de simples belligérants. Mais tout autre est qu’un représentant de la République, le président d’une Assemblée, élu au suffrage universel, réclame l’amnistie pour des crimes de sang qui ont lieu en temps de paix, contre des préfets, des gendarmes ou des policiers !
Dit comme ça, ce n’est pas tout à fait pareil...
C’est le contraire, Thomas ! Autant on peut comprendre que la raison d’État commande l’amnistie au terme d’un conflit. Pour éviter l’épuration, pour maintenir une administration en place ou pour donner aux combattants l’occasion de déposer les armes et d’entrer en politique... Autant il est parfaitement irresponsable de la réclamer a priori pour des crimes et des attentats commis sur le sol de l’État qu’on représente, et dont on accueille, par ailleurs, le Premier Ministre avec tous les égards ! La Corse n’est pas en guerre avec la France !
En fait, en réclamant l’amnistie pour les crimes de sang, Jean-Guy Talamoni dit trois choses :
- Aux gens qui tuent ou qui pourraient le faire : allez-y, les gars. Faites-vous plaisir. Au bout du compte, vous serez amnistiés.
- Aux citoyens de Corse : la loi n’est pas la même pour tous, puisque si vous tuez au nom de la Corse, vous n’êtes pas coupables. A ce compte-là, tous les assassins de Corse, et il y en a autant qu’ailleurs, vont immédiatement donner une couleur politique à des crimes de droit commun. Peut-être même que c’est déjà le cas, d’ailleurs...
- Faut-il se faire une pauvre idée de la "nation Corse" pour lui demander de voir le jour sur l’oubli de ceux qu’elle aurait tués pour y parvenir !
La morale de l’info ?
Les nations se sont toujours construites sur des cadavres, mais pas sur leur déni.
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