C’est assurément un prodige du pilotage, mais Joan Barreda (Honda) traine aussi son chat noir. Très vite présenté comme l’avenir de la discipline, Barreda cumule une impressionnante moisson de 13 victoires depuis le Dakar 2012. Son meilleur résultat n’est pourtant que septième (en 2014). Pourquoi ? Parce que si « successful » qu’il soit Barreda a d’abord dû composer avec sa jeunesse : pas facile d’ouvrir la piste quand on en est qu’à son deuxième ou troisième Dakar ; Il a ensuite dû composer avec sa fougue : à l’image de ce Rallye OiLibya du Maroc 2014 où il a signé cinq des six scratchs mais s’est retrouvé privé de deux victoires sur pénalités ; enfin il doit aussi faire avec la malchance : comme l’an passé où, leader du général sur le Dakar, il est victime de l’incroyable épisode du salar d’Uyuni… Cette année, il devrait être le favori numéro 1, avec la retraite de Marc Coma. Mais une terrible chute en première moitié de saison 2015 le contraint à passer sur le billard pour se faire opérer d’une rupture de ligaments à un genou. De retour sur le Maroc en octobre dernier, il revient bien plus vite qu’espéré sur le devant de la scène et… chute à nouveau ! Dans l’avant dernière étape, il se fracture l’épaule. Dur !
Du coup la question se pose : Quel Barreda pour le Dakar 2016 ? « C’était encore une grosse chute au Rallye du Maroc, et j’ai toujours des douleurs à l’épaule » nous confiait Barreda le 18 novembre dernier lors de la présentation officielle de l’épreuve. Prudent sur ses capacités, il annonce aujourd’hui qu’il attend les premiers jours de course pour voir où il en est physiquement. Mais en même temps, il se dit être enfin prêt pour aller chercher la victoire. Peut-il être à 100% après une telle année ? On a du mal à l’imaginer. D’un autre côté, la moto est orpheline de ses deux légendes Cyril Desprès depuis l’an passé et Marc Coma pour la première fois. La donne est donc complétement changée. D’autant plus que le Britannique Sam Sunderland, qui avait pris le leadership chez KTM lors du grand test du Rallye OiLibya du Maroc s’est blessé au Merzouga Rally et est forfait. Reste l’excellent Matthias Walkner, récent Champion du Monde, mais encore en quête d’expérience. Et si c’était donc la chance de Barreda ? Ce qui est sûr c’est que la course est très ouverte !
Du côté du parcours, Barreda y va de son analyse : « On connaît déjà l’Argentine et un peu aussi la Bolivie (où il a perdu le Dakar l’an passé, ndlr), mais connaissant Marc Coma (qui trace désormais le parcours, ndlr) je suis sûr qu’il nous a concocté une course difficile et surtout une navigation compliquée ». La navigation est justement un exercice où Barreda a beaucoup progressé, alors que certains de ses rivaux n’ont pas forcément l’habitude de faire la trace. « La deuxième semaine s’annonce particulièrement difficile, avec le retour en Argentine et le passage de la Cordillère des Andes et encore beaucoup de navigation ». Concernant la concurrence, Barreda confirme que cette nouvelle configuration avec quatre ou cinq pilotes en lice pour la victoire changera la façon de disputer l’épreuve, mais plus sage chaque année, pour lui l’important sera de gérer sans faire d’erreur.
Interview présentation Dakar 2016 - 18/11/2015