Christian Reboul, le chef de culture du réputé Domaine Tempier à Bandol, nous parle de leur choix de pratiquer le greffage en place sur porte-greffes dans leur vignoble.
Malheureusement, un fort mistral s’abattait sur les côtes varoises ce jour là, rendant presque inaudible son interview. Nous vous en retranscrivons quelques extraits.
« Déjà, la première des raisons vient tout simplement de nos greffés-soudés qu’on avait : au bout de 3-4 ans ils étaient "canés", ils mourraient complètement, ils n’allaient pas s’en sortir. Donc l’idée est venue de mon directeur, Daniel Ravier, de mettre des sauvages en place. On s’est aperçus qu’ils étaient beaucoup plus résistants à la sècheresse. On le savait déjà, mais on en a eu confirmation. Moi personnellement, ma famille le faisait 3 générations avant. C’était un retour aux sources. Et sur des terrains séchants, c’est une logique. D’ailleurs, je vous ai amené un plant, un sauvage qui a été planté il y a 4 ans et le système racinaire parle de lui-même… Et on s’aperçoit que, avec le système racinaire, une fois qu’on greffe là-dessus, on n’a pas de souci, on ne se pose pas la question de savoir si la plante va survivre ou pas… Qualitatif, oui. Et l’autre côté qualitatif, c’est quand on a la chance de pouvoir choisir nos bois derrière… Et c’est vrai qu’on préfère nos bois à nous. À Tempier, on commence à faire des rouges la 25ème année, pas avant. Comme on fait 60% de rouges, on a des vignes qui ont à peu près 70 ans. On estime que la durée de vie de la vigne doit durer entre 70 et 80 ans, et pas 25 ans… Le métier, c’est de pouvoir transmettre aussi quelque chose. Une vigne doit durer autant que la vie d’un homme… Nos plus vieilles parcelles sont des années 40 ; on a des parcelles qui ont servi de base pour les décrets d’appellation avec des essais de cépages. On a notamment des Syrah qui ont été plantées dans les années 40 et qui sont encore là. Alors quand on dit que les Syrah ne durent pas ! Quand on les fait correctement, il n’y a pas de problème…On n’a pas envie d’un vin uniforme. On a envie d’un individu à chaque souche, et c’est évident qu’on peut faire des vins qui sortent de l’ordinaire et qui plaisent. C’est comme ça qu’il faut faire à mon avis. C’est l’originalité de Tempier. On a un vignoble très très vieux, qu’on veut essayer de conserver au mieux. Malheureusement, il faut arracher de temps en temps. Et quand on renouvelle, on ne fait que des sauvages en sélections massales. C’est une évidence pour nous. »