Pourquoi Merkel doit se donner les moyens de sa diplomatie

Le JDD 2015-10-03

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Alors que l’Allemagne célèbre le 25ème anniversaire de sa réunification, les propos de sa chancelière sur la nécessité de parler à Bachar el-Assad mettent en évidence une contradiction : Berlin veut avoir plus de poids dans la diplomatie mondiale mais en utilisant le moins possible son armée.

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Tous les stratèges en conviennent, si vous voulez être entendu et convaincre au niveau planétaire, il ne suffit pas d’avoir une économie forte comme les Etats-Unis ou la Chine, ou une armée puissante et projetable comme la Russie ou la France, le mieux est encore d’avoir les moyens de mettre en œuvrece que l’on dit. Angela Merkel a été acclamée pour avoir ouvert ses frontières à des centaines de milliers de syriens. Mais elle est aujourd’hui critiquée lorsqu’elle recommande de parler avec Bachar, sous-entendu pour négocier la fin d’une guerre qui du même coup permettrait aux réfugiés de rentrer chez eux et de soulager d’autant les Européens. Pour la France, c’est un peu fort de café. Lorsqu’il s’est agi au Mali ou en Centrafrique d’intervenir militairement, l’Allemagne a été longtemps aux abonnés absents jusqu’à ce que des voix s’élèvent, notamment celle d’Ursula von der Leyen, la première femme ministre de la défense allemande, pour dire que l’indifférence ne pouvait être une option ou que l’Allemagne ne pouvait pas regarder ailleurs.

Autrement dit, aujourd’hui, sur la Syrie, soit l’Allemagne veut infléchir l’issue de cette guerre et elle doit aider ses alliés sur le plan militaire à l’obtenir, notamment en luttant contre Daech, soit elle ferait mieux de se taire.

La difficulté tient à ce que depuis la deuxième guerre mondiale et même après la chute du mur de Berlin, la Constitution allemande ne facilite pas le processus d’entrée de l’Allemagne dans une opération militaire, sauf dans le cadre de l’OTAN et de l’ONU comme en Afghanistan, et que l’opinion allemande au sens large reste plutôt pacifiste. Ce qui finira tôt ou tard par poser de vrais problèmes. L’Allemagne, elle l’a encore montré ces derniers jours aux Nations Unies, souhaite une réforme du Conseil de Sécurité permanent pour en faire partie. Or l’accès à cette instance qui décide de la paix ou de la guerre dans le monde doit pouvoir être composée de nations qui ont les moyens politiques et militaires d’imposer l’une ou l’autre. L’armée allemande a déjà beaucoup changé et le mieux serait peut-être de continuer cette mue dans un ensemble européen. Sauf que l’un des rares exemples de synergie à ce niveau, la fameuse brigade franco-allemande, n’a jamais été déployée ensemble sur un théâtre extérieur….

Bref, la montée des périls au Moyen Orient ou aux portes de l’Europe impose aux européens de rester mobilisés en termes de moyens mais surtout à l’Allemagne de franchir une nouvelle étape qui passe peut-être par plus d’Europe.

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