Quelles sont les raisons du déclin et comment y faire face ? La subjectivité politique générale des élites ottomanes et musulmanes n’a cessé d’être commandée par cette interrogation depuis les XVIe et XVIIe siècles, principalement depuis le traité de Karlowitz, en 1699, et la naissance de ce que l’on appellera la « question d’Orient ».
L’Europe émergente semblait alors imposer à l’Empire ottoman comme à l’ensemble du monde musulman des défis inédits. L’empire était-il voué fatalement au dépérissement, déclaré inexorable pour le monde sudméditerranéen deux siècles plus tôt par Ibn Khaldûn ou bien pouvait-il aspirer à un nouveau volontarisme ou à une défatalisasion possible du cours de l’histoire ?
Serait-il anachronique de s’interroger sur ce que pouvait signifier la « démocratie » dans ce débat que l’on peut appeler néo-khaldûnien ?
Certes, c’est au XIXe siècle, avec le « Liberal Age » que cette question est formellement posée comme l’un des termes principaux du débat.
Ce présent texte, entend examiner aussi bien les modes de légitimation que ceux de délégitimation de la démocratie qui sont à l’œuvre dans cette géographie des représentations et dans ses reconfigurations successives.
Cette note de Mohamed Beddy Ebnou, intitulée Islam et démocratie : face à la modernité, est la dixième et dernière de la série d’études de la Fondation pour l’innovation politique intitulée, « Valeurs d’islam ».
Mohamed Beddy Ebnou est directeur de l’Institut des études épistémologiques, Europe (IESE-Bruxelles).