Les jihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) resserraient jeudi leur étau sur la ville kurde syrienne de Kobané malgré les raids de la coalition, au moment où le Parlement turc s’apprêtait à autoriser une intervention militaire en Syrie comme en Irak.
Les combats font rage entre les jihadistes et les peshmergas, : les combattants kurdes, qui n’arrivent pas à stopper leur avancée.
Objectif de cette bataille : le contrôle de la ville de Kobané, au nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, une ville vidée de ses 70 000 habitants, selon les rares observateurs.
Du côté turc de la frontière, les tirs de mortier sont clairement visibles.
L’armée turque, elle, a pris position, tout le long de la frontière.
Depuis le début de la semaine, la très grande majorité des habitants de Kobané se sont réfugiés côté turc, à quelques kilomètres seulement de leur ancienne ville.
Pour un de ces réfugiés syriens :
“Nous sommes venus dans ce pays, mais nous sommes comme des prisonniers ici.
Nous avons quitté notre terre.
L’hiver viendra, et nous avons besoin de nourriture et de biens essentiels. Tous les pays du monde devraient nous aider à rentrer chez nous.”
L’organisation Etat Islamique a été accusée par l’ONU de nombreux crimes contre l’humanité : les Nations-Unies condame des lapidations, des viols et des crucifixions.
Au total la Turquie accueille 1 million et demi de réfugiés syriens.
“Nous sommes prêts au combat”, a affirmé un responsable kurde local, Idriss Nahsen, alors que Kobané est défendue par les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde, dont les hommes sont moins bien équipés et bien moins nombreux que les jihadistes.
L’EI, qui contrôle déjà de vastes régions dans le nord et l’est de la Syrie ravagée par plus de trois ans de guerre civile, a lancé le 16 septembre son assaut pour s’emparer de la ville, prenant près de 70 villages et entraînant la fuite d’au moins 160.000 personnes en Turquie.
Le général américain à la retraite John Allen, qui coordonne la coalition internationale, a prévenu quant à lui que l’entraînement en cours des rebelles syriens “modérés” censés combattre l’EI au sol “prendra peut-être des années”.
Ailleurs en Syrie, des centaines de personnes ont manifesté à Homs (centre) appelant à la chute du gouverneur Talal Barazi, au lendemain du double attentat qui a tué 47 écoliers, selon l’OSDH. L’attentat commis dans un quartier contrôlé par le régime n’a pas été revendiqué mais son modus operandi rappelle celui des jihadistes.
En Irak voisin, où les frappes américaines et britanniques se sont poursuivies, les jihadistes ont attaqué avec des voitures piégées et des kamikazes le QG de la police à Hit et la base militaire près de Ramadi, deux régions parmi les dernières zones aux mains de l’armée dans la province occidentale d’Al-Anbar, contrôlée en grande majorité par l’EI.
Les pays occidentaux craignent de voir des jihadistes revenir sur leur territoire organiser des attentats, alors que l’EI et Al-Qaïda ont menacé les pays de la coalition de représailles.