Conférence au Pavillon de l'Arsenal le 17 juin 2014
Intervenant(s)
. SOA, architectes urbanistes
. AUGUSTIN ROSENSTIEHL
AGRITECTURE :
Texture urbaine vivante, ramifiée en liens multiples, capable de se réinventer en mutant sans rien perdre de sa substance.
Nos recherches autour des prisons françaises et de l'agriculture urbaine - travaux exploratoires libres s'inscrivant dans la durée- nous ont conduits à interroger la fabrication de la ville. Ces recherches ont enrichi notre pratique architecturale quotidienne, hélas toujours plus hâtée par l'urgence, plus normalisée par l'exigence technique, toujours plus arraisonée par les logiques du marketing.
Il ne s'agit pas pour nous d'observer et de penser la ville après coup, mais d'extraire de travaux théoriques, voire utopiques, une multitude de propositions innovantes en vue d'agir sur sa mutation.
En effet, Paris-centre et sa périphérie mutent en une métropole depuis un certain temps déjà.
Mais avant de se montrer sous son nouveau jour, cet ensemble urbain demeurera pendant un temps indéterminé, tel un sujet mis à l'épreuve d'un rituel de passage, dans un état liminaire; état qui succède à sa forme passée et qui précède son devenir. Cette forme demeure dans un nuage de fumée, sous le voile, dans ce qui est caché.
Quels sont les attributs et les fonctions dont elle s'apprête à se défaire ? Quels sont ceux qu'elle réintégrera? Où et comment?
La dématérialisation du commerce, des lieux d'activités traditionnels - leur disparition de la rue - et la standardisation des registres de l'habitation, sont des exemples manifestes et troublants de cette mutation.
Annoncent-ils l'uniformisation globale d'une ville conforme aux seules logiques de la technique et du marketing? La ville se muerait-elle en un produit?
Considérons plutôt que la disparition des formes usuelles et concrètes de l'urbain annonce simplement leur réinvention, leur renouvellement !
Cependant, au stade actuel, la dématérialisation des espaces sociaux partagés, récréatifs, culturels et cultuels, au profit du numérique, laisse place au dessin redouté de la ville-dortoir, bien loin des codes de la « ville équipée » de Napoléon, dont elle revendique encore pourtant la morphologie.
C'est pourtant dans le corps même de cette ville résidentielle en marche, qui vit encore de la voiture et des centres commerciaux, que vont ressurgir de nouvelles formes de commerce et d'activité sociale.
Le processus a-t-il déjà commencé ?
SOA
© Captation et montage : Année Zéro