Interview d'Éric Meyer par Mathias Girel - Juin 2014 ENS
Émission intégrale : www.nuit-sciences.ens.fr
Longtemps considérée comme une théorie obsolète, la transmission des caractères acquis revient sur le devant de la scène grâce à l’essor des recherches en épigénétique(1). Dans cette dynamique, une équipe de l’Institut de biologie de l’Ecole normale supérieure (CNRS/ENS/Inserm)(2) vient de décrire comment, chez la paramécie, les types sexuels se transmettent de génération en génération par un mécanisme inattendu. Ils ne sont pas déterminés par la séquence du génome, mais par de petites séquences d’ARN, transmises par le cytoplasme maternel. Celles-ci inactivent spécifiquement certains gènes au cours du développement. Ainsi, une paramécie peut acquérir un type sexuel nouveau et le transmettre à sa descendance sans qu’aucune modification génétique ne soit impliquée. Ces travaux, publiés dans Nature le 7 mai 2014, pointent un nouveau mécanisme sur lequel peut jouer la sélection naturelle et qui permet donc l’évolution des espèces.
Les paramécies, organismes unicellulaires eucaryotes, sont hermaphrodites : lors de leur reproduction sexuelle, appelée conjugaison, les partenaires s’échangent réciproquement du matériel génétique. Les paramécies présentent néanmoins deux ’types sexuels’, appelés E et O. La conjugaison ne peut avoir lieu qu’entre types sexuels différents. Dès les années 1940, des chercheurs comme Tracy Sonneborn avaient remarqué que le type sexuel ne se transmettait pas à la descendance en suivant les lois de Mendel : un nouveau type de transmission des caractères, ne dépendant pas des chromosomes, devait être à l’œuvre. Cependant, ils n’avaient pas réussi à l’élucider.
Aujourd’hui, l’équipe d’Eric Meyer et ses collaborateurs(2) viennent de décrire le mécanisme de cette hérédité alternative. Pour cela, ils ont d’abord montré que la différence entre les types sexuels E et O tient à une protéine transmembranaire appelée mtA. Bien que le gène qui la code soit présent chez les deux types sexuels, il ne s’exprime que chez les individus E. Les chercheurs ont ensuite montré le mécanisme par lequel, chez le type O, ce gène est inactivé.
Suite de l'article : http://www.ens.fr/actualites/a-la-une/article/une-nouvelle-forme-d-heredite
Facebook : www.facebook.com/Ecole.normale.superieure.ulm
Twitter : https://twitter.com/ENS_ULM