DESNOS, Robert - J'ai tant rêvé de toi ou le mythe du dernier poème.

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J’ai tant rêvé de toi

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

Corps et biens, 1930.


Une traduction en tchèque de ce poème
annonce la mort de Robert Desnos, le 1er juillet 1945.

Traduite en français,
cette version tchèque de ‘J’ai tant rêvé de toi’
devient ‘Ombre parmi les ombres’.


Ombre parmi les ombres

J'ai tellement rêvé de toi
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres,
D'être cent fois plus ombre que l'ombre,
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.

1945


C’est cette traduction qui, après la guerre,
sera publiée dans la presse française
et présentée comme le dernier poème de Desnos,
retrouvé sur lui.

Le poème prémonitoire de 1926
devient alors ‘celui de la voix de tous,
un dernier adieu,
plus fort que tout
couronnant le martyre du poète’.

Illustrations :
Yvonne George ; Robert Desnos (portrait) ;
plaque, 19, rue Mazarine, Paris 6e ;
dernière photographie connue de Robert Desnos,
camp de Terezin, 1945.

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