Rencontre avec Martin Legros (rédacteur en chef de Philosophie Magazine), Pascal Chabot (philosophe), Thomas Gunzig (écrivain) et Maurizio Ferraris (philosophe).
"Le téléphone portable, soutient le philosophe Maurizio Ferraris, est le premier outil absolu, la machine qui mettra fin à toutes les autres parce qu’elle les résume toutes. Il permet « de se connecter à tous les systèmes de communication orale ou écrite, d’accéder à tous les systèmes d’enregistrement (écriture, image, musique), de vérifier son extrait de compte, de payer son billet de métro ou sa place d’Opéra, de charger un livre et de le lire dans le train,… tout cela tandis qu’un SMS nous apprend que le Premier Ministre a remis sa démission, que le taux d’intérêt a changé, que la Juventus a gagné le championnat, que j’ai quitté l’Italie et que le trafic sera géré par Belgacom ou peut-être (je ne le souhaite à personne mais ce sont des choses qui arrivent), que “tout est fini entre nous”.” !
Contenant une partie de moi-même (ma mémoire, mes photos, mes échanges avec les autres), le portable est à l’origine d’une nouvelle aliénation, d’autant plus redoutable qu’elle est volontaire : il capte notre attention et nous convoque à sa guise du soir au matin. Face à cette puissance démultipliée, il est devenu urgent de s’interroger sur les stratégies à mettre en place pour “reprendre la main” sur cet objet qui a acquit le pouvoir de nous surveiller et de nous gouverner?
Pour décrypter le nouvel espace-temps qui surgi avec le portable et pour imaginer les « disciplines de vie » que l’on doit mettre en place pour ne pas se laisser dévorer, nous croiserions les réflexions de deux philosophes avec celle d’un humoriste qui a su saisir avec une tendre ironie les comportements les plus étranges auxquels nous soumet ce nouveau totem. "
Martin Legros