La nature est un thème cher à l’époque romantique, une nature apaisante qui sert de confident à l’artiste mais aussi parfois inquiétante
Schumann qui était un grand marcheur amateur de longues promenades à la compagne écrit à l’automne de sa vie ces « scènes de la forêt » op 88 (composées en 1848-49, éditées en 1850)
Le compositeur a toujours davantage brillé dans des suites de pièces courtes au piano que dans des grandes formes et il signe là un de ses plus grands chef d’œuvre !
C’est une œuvre qui gagne a être jouée de bout en bout car les pièces s’enchaînent très bien les unes aux autres Mais pour l’instant j’ai fait une sélection de 4 pièces sur 9 que je vous propose ici :
La 1ère Eintritt (« Entrée ») nous fait pénétrer dans l’univers mystérieux de la forêt, une forêt qui sera tour à tour paisible et inquiétante Ici elle se veut encore accueillante, paisible
La 3ème Einsame blumen (« Fleurs solitaires ») est peut-être la plus belle du receuil, une pièce à la simplicité presque enfantine (qui rappelle un peu les « scènes d’enfant) mais parcourue de subtiles dissonnances
La 7ème Vogel als prophet (« L’oiseau prophète ») est sans doute la plus jouée de toute ! C’est la plus originale, un vrai ovni musical au niveau de l’écriture Schumann préfigure déjà un peu Ravel et Messiaen qui plus tard essayeront aussi de retranscrire en musique des chants d’oiseaux
Un oiseau un peu inquiétant finalement avec toutes ces dissonnances
L’épigraphe prévue (il ya en avait pour chaque pièce) était d’ailleurs : « attention ! Sois sur tes gardes ! » C’est donc un oiseau qui ne présage rien de bon
La 9ème Abschield (« Adieu ») est la pièce la plus longue du receuil qui le termine en beauté Elle nous fait quitter le monde de la forêt avec regrêt malgré ses sortilèges, son coté inquiétant parfois (une des pièces s’appelle « lieu maudit » !) C’est une magnifique romance (sans paroles) avec des harmonies subtiles, une de ces pièces passionnées dont le compositeur a le secrêt !