Note du metteur en scène:
L'orgasme et le meurtre sont deux pôles diamétralement opposés, deux amplitudes extrêmes de l'amour et de la haine, les deux relations fondamentales entre deux êtres humains. Cette essence cruciale et à la fois insondablement profonde du comportement humain est à la base de ma production de Lady Macbeth de Mitsensk.
Ce qui m'intéresse avant tout dans cet opéra, c'est de voir comment l'ensemble du complexe d'Eros et de la sensualité réagit lorsqu'il est mis à l'épreuve par les structures du pouvoir et de la dépendance; il en découle un genre particulier d'impuissance, d'agression refoulée et de véhémence meurtrière. Lady Macbeth n'a rien en commun avec une histoire romantique d'amour et de meurtre. C'est une tragédie qui suscite très peu la pitié et aucunement la peur : il n'y pas de catharsis. Les personnages sont des meurtriers autant que des victimes car des circonstances violentes les ont poussés à des réactions violentes. La détérioration du monde est dépeinte comme un processus irréversible; les éclats soudains de désespoir symbolisent la soif de sang et le désir sexuel. Nous faisons lêxpérience d'un romantisme dépeint par le biais d'un langage grossier et d'images brutales, de complots menaçants, de l'influence animale des émotions et du cercle vicieux de l'isolement.
Martin Kusej